Loin du brouhaha et du vacarme qui agitent le monde du cinéma au Gabon, une dame, posée , calme vient de réaliser une triple premiere.

À la ville, elle gagne sa vie en offrant sa bonne humeur, son sens de l'accueil à la clientele d'un organisme parapublic ayant pignon sur rue. Car c'est connu ici, le cinéma ne nourrit pas son homme à plus forte raison "sa femme". Pourtant, la dame dont nous parlons a la passion des images et surtout des images animées depuis sa tendre enfance.

«J'ai appris d'abord en regardant des films. Toute petite sûrement comme toutes jeunes filles du pays, je rêvais devant les vies fictionnées des actrices françaises et américaines à la télévision d'alors et au cinéma. Mais ce qui m'intéressait en tant que garcon manqué comme on me surnommait, c'est la façon dont un film, une séquence était faite».

Durant les rares chantiers de tournages nationaux ou internationaux qui se suivent au compte goutte dans notre pays, la jeune fille curieuse, ouvre l'oeil, suit devant ou derrière la camera ce qui s'y passe, essaie de comprendre les tenants et les aboutissants, tout en ne lâchant pas ses études.

Un hobby pour elle, le cinéma ? Oui bien sûr ! Mais elle y voit bien plus que ça ! Un reflet de la société dans laquelle, la Femmes doivent prendre leur part d'émancipation, si elles ne veulent pas simplement être des jouets, des poupées.

Ainsi depuis Au Petit matin de Thierry MANIANGA MA WELE, où elle apparaît, film qui est déjà produit par une femme à savoir Arlette GOMBOMOYE, ancienne élève de la FEMIS, jusqu'au projet NZOUKI d'aujourd'hui il y a pour elle, une continuité.

Le projet Nzouki ? C'est une histoire bien de chez nous: Un couple, une grand mère et la quête d'un enfant !

Nous annoncions donc 3 premières.? Clap et allons-y !

C'est la première fois qu'au Nord du pays un film est tourné de "A" à "Z". D'ordinaire c'est dans la province de l'Estuaire, que pour des raisons multiples dont la moindre n'est pas la paresse des réalisateurs et producteurs nationaux et leur propension à la facilité de "tout faire dans la capitale", que les films se font.

Mais au-dela de cette délocalisation géographique, l'autre première remarquable est le cheminement d' une Actrice vers la réalisation, l'itinéraire d'une femme au poste de "réalisateur". Ce poste malheureusement a été trop longtemps monopolisé, accaparé par les hommes avec les travers de droits de cuissage et autres abus imputés à cette fonction.

Sans cri ni fracas, en toute souplesse et douceur, la jeune fille qui regardait, cherchait à comprendre le fonctionnement du 7eme art, accède enfin maintenant au poste principal du cinéma: la réalisation !

Et ici, une pause est obligatoire. Partout dans le monde du cinéma en Europe comme en Amérique, la vision masculine et patriarcale prévaut et cela presque depuis la création de cet art qu'est le cinéma. Et les abus sont légion ! On le sait maintenant, grâce entre autres aux révélations et dénonciations issues du courant de vérité MeToo qui souffle sur le cinéma mondial. Ce courant dévoile harcèlements, et humiliations endurées par les Femmes dans le domaine du cinéma en Europe et aux États-Unis.

Si l'on s'interrogeait sur la réalité de cette question d'abus et d'humiliation des Femmes dans le domaine du cinéma chez nous, les extravagances et imbecilités récentes entendues et vues sur les réseaux sociaux, donnent une idée à la fois sur la moralité de certains "acteurs" du secteur et sur la gravité du phénomène.

La prise des responsabilités, pour pas dire la prise de pouvoir au plus haut niveau de la hiérarchie cinématographique par la gent féminine dans ce secteur est peut-être le meilleur antidote, la meilleure manière de faire reculer ces abus et humiliations.

L'arrivée d'une nouvelle Réalisatrice est donc à saluer, d'autant qu'elle vient avec une méthode très pédagogique. "Nous avons d'abord commencé par des ateliers  de formation d'acteur, basee sur le texte, ce qui nous a permis d'affiner notre casting, car dans ce qui fait beaucoup aujourd'hui dans notre" cinéma", le texte est inexistant, il n'y qu'improvisation"

Puis comme pour paraphraser et inverser la maxime qui prétendait que derrière un homme se tenait une grande Femme, notre réalisatrice a tout simplement ouvert son carnet d'adresses et c'est un grand chef opérateur qui a fait le voyage du grand Nord, pour s'impliquer dans ce projet.

Et la troisième "première"  me direz-vous ? Dois-je vraiment vous la dévoiler ici ? J'hésite ! Allez, j'y vais... Le principal financier du projet Nzouki est...Je vous le donne en mille... Oui... Une FEMME ! Une actrice, elle même productrice devenue ! Une autre première donc ! Mais chuuuut ! L'argent n'aime pas le bruit ici chez Nous !
Le film est maintenant en montage. Pour l'instant, il ne faut pas en dire plus. Certains ayant, dit-on, un mauvais coeur dur dans le secteur !

Comment ? Que dites-vous ? Vous n'avez pas reconnu de quelle Réalisatrice devenue, il s'agit dans cet article ? Là vous exagerez ! malgré tous les indices que je vous ai donné, vous ne l'avez pas reconnue? Mais oui bien sûr.. il s'agit de L'EAU-REINE... Y'en a qui avait déjà trouvé.